mardi 24 mars 2015

La dette : qu'est-ce que devoir ?

Billet de 5 euros type 2013 - Photo X
Par PERMI4

Le concept de dette ne doit-il pas s’ouvrir plus largement au sens du verbe « devoir » ? Ne dit-on pas « tu me dois 5 euros » (entendu dans la rue récemment, et je me demandais : qu’aurait fait le prêteur si j’avais libéré l’emprunteur de sa dette ? L’en aurait-il dégagé ou aurait-il pris mes 5 euros comme un don et continué à réclamer son dû ? Comment le débiteur l’aurait compris ?).

Qu’en est-il lorsque l’on dit : tu me dois d’avoir connu untel, ou telle ou telle œuvre d’art par exemple ? Il va de soi qu’il s’agit là d’une dette morale, mais qui de la même façon que celle matérielle (don, potlatch, emprunt bancaire, etc.) oblige autrui. Chaque individu est placé, dans un tel cas de figure, à l’intersection d’une généalogie (tu me dois … la vie, d’avoir pu faire des études, etc.) et d’une hiérarchie sociale (l’employé doit au patron d’avoir un poste ; l’ouvrier de ne pas être licencié grâce à la grève entreprise par ses collègues de travail, etc.) et des savoirs (élève/maître, enfant/adulte, immigré/autochtone, etc.).

A la limite, l’individu se trouve placé dans un entrelacs inextricable de dettes, conditionné qu’il est par son existence nécessairement socialisée, les unes résultant de traits culturels communs (éducation, instruction, etc.), d’autres résultant de procédés de prise de pouvoir qui engagent un retour : procédés politiques vis-à-vis d’autres peuples (Il y a peu, en France, n’était-il pas question d’introduire dans les programmes scolaires d’histoire un chapitre relatif aux bienfaits de la colonisation, soit ce que devait à notre pays notamment l’Algérie ?) , puissance des banquiers sur le pouvoir politique qui a conséquemment recourt à l’impôt, abus des passeurs endettant sans scrupule leurs coreligionnaires qui fuient la misère ou la guerre, ou néo-esclavagistes divers.

Si tout cela tendrait à relever plutôt du sociologique que du philosophique, reste à savoir précisément encore une fois, ce que peut en dire le philosophe.

PERMI4

1 commentaire:

  1. J'aime cette façon d'ouvrir la question, et d'y entrer d'une manière qui me semble à moi tout-à-fait philosophique. Dans un style qui évoque irrésistiblement à mes oreilles Gabriel Marcel, trop peu lu aujourd'hui, malheureusement.
    Et d'un seul coup quelque chose s'éclaire : on ne parle plus DU devoir, mais d'une question bien distincte : QU'EST-CE QUE DEVOIR ? et on sent que ce problème nous entoure, qu'il va nous mener très loin, et peut-être très près par là-même de du problème-même de l'existence

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